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Interview du président Denis Le Saint

Au lendemain de la reprise des professionnels, Denis Le Saint s’est exprimé sur le site officiel des Rouge & Blanc pour évoquer l’ensemble des sujets qui gravitent autour du club (sportif, mercato, centre de formation, supporters, nouveau stade …). Pragmatique et ambitieux, le Président va débuter sa 3e saison à la tête du Stade Brestois 29. Il a répondu à nos questions, dévoilant sa vision et son engagement pour le football finistérien. Avec son frère Gérard Le Saint, le natif de Bourg-Blanc a affirmé sa volonté de partager sa passion avec le plus grand nombre, toujours avec une grande sérénité.

 

 

"On a vécu des moments forts"

"Président, quel est votre regard sur les résultats sportifs après 2 saisons ?

On a eu tort d’avoir raison... Je m’explique. En amont de chaque saison, nous nous sommes positionnés à la 5e place pour établir notre budget prévisionnel. Et, 2 fois de suite on a fini 5èmes… Donc sportivement, c’est bien. Déjà parce que c’est conforme à nos prévisions budgétaires et aussi parce qu’on a vécu des moments forts avec de belles opportunités pour des accessions en Ligue 1. On a réussi un beau final la saison dernière et on termine bien l’année. C’est positif pour engager la saison à venir.


D’autant qu’il y a moins de turnover cette saison…
On a gardé quasiment les trois quarts de l’équipe. Les joueurs ont réussi leur fin de saison, ils sont en confiance. Le groupe est peu remanié, c’est important de trouver une ossature solide. L’histoire a montré que lorsqu’on a de la stabilité, on a plus de chance de faire de bons résultats.

 

Avez-vous émis des objectifs pour cette saison ?
Déjà, nous devons au plus vite obtenir les 42 points synonymes de maintien. Après, on essaiera de se rapprocher des premières places. Il y a aussi la volonté d’intégrer au maximum les jeunes issus de la formation. Après, personnellement, je fonctionne sur un schéma très simple : il faut faire mieux que la saison précédente. Souhaitons-le !

 

"Ma mission est de continuer à bâtir les fondations"

Vous avez l’air serein dans votre gestion …

On est plusieurs à penser que si on travaille bien, sereinement, la récompense viendra. Je ne sais pas quand arrivera cette récompense mais ma mission est de continuer à bâtir les fondations d’avenir du Stade Brestois 29 dans sa globalité, tant au niveau structurel, financier qu’au niveau humain. Je suis satisfait car on avance.


L’expérience du coach, Jean-Marc Furlan, vous aide-t-elle à progresser ?
Avec Jean-Marc, chaque fin de saison, nous nous entretenons pour faire un bilan du travail effectué et pour définir les axes d’amélioration prioritaires. Il y a encore des manques dans notre parcours de progression, et ils touchent toutes les strates du club. Si le staff sportif est conforme aux meilleurs clubs de Ligue 2, c’est au niveau des infrastructures que nous sommes défaillants. Le coach travaille énormément et demande beaucoup en terme d’amplitude. Naturellement les terrains en souffrent. C’est pourquoi, avec Grégory Lorenzi (coordinateur sportif), nous allons tout mettre en œuvre, et rapidement, pour réaliser un autre terrain en herbe pour les pros sur le site de Kerlaurent.

 

"Vendre un joueur est une nécessité, pas un plaisir"

Le Stade Brestois 29 a transféré le jeune milieu de terrain formé au club, Ibou Sissoko, à Strasbourg. La nouvelle n’a pas été forcément appréciée par les supporters, notamment sur le prix du transfert évoqué dans la presse (environ 2 M€). Vous comprenez cette déception ?

C’est l’un des points que nous avons évoqué avec le coach en fin de saison dernière. En Domino’s Ligue 2, c‘est très compliqué de boucler un budget. Jean-Marc Furlan, à travers son expérience, nous l’a bien dit. Tant que nous n’avons pas un stade capable de mettre à disposition plus de loges et davantage de prestations haut de gamme pour accueillir les entreprises, il faudra vendre des joueurs pour boucler le budget. Pourtant, on a des demandes de loges et on ne peut y répondre. On a donc choisi la solution de se séparer d’un joueur prometteur comme Ibou Sissoko. À regret. Mais on n’a pas d’autres solutions économiquement parlant.
Le prix du transfert de 2 M€ évoqué dans la presse n’est pas le bon. Il est meilleur que ça. Nous ne souhaitons pas le communiquer mais il y a également des accords derrière issus d’une bonne négociation pour un joueur de cette qualité. Encore une fois, vendre un joueur est une nécessité, pas un plaisir. Et si on veut aller voir le banquier pour continuer à progresser dans les structures, ça passe par là.


On peut voir de plus en plus de jeunes joueurs locaux issus de la formation brestoise intégrer le groupe pro, c’est ça le style Le Saint ?
En quelque sorte oui. Mais c’est un processus très long à mettre en place pour voir les talents locaux au niveau professionnel. Il faut revenir à la source et fédérer les clubs formateurs finistériens, ce qui a été ma première mission lorsqu’Yvon (Kermarec) était encore président. Avec Éric Assadourian (responsable du centre de formation) et Nicolas Mariller (responsable de la pré-formation), nous nous sommes attachés à mettre en place un accord gagnant / gagnant avec les clubs locaux. L’idée étant de profiter du tissu finistérien en jeunes joueurs pour espérer, dans un avenir, les voir évoluer sous le maillot Rouge & Blanc. Nous apportons un complément de compétences à leurs formateurs et signons des accords de « non-pillage ». Par contre, nous avons des accords privilégiés pour que les jeunes talents locaux puissent venir en priorité au Stade Brestois.
Ça a pris du temps mais aujourd’hui 11 clubs nous ont rejoints. On partage des valeurs communes et on se projette ensemble. Les clubs en question en sont fiers et affichent même leur partenariat à l’entrée de leur stade ou dans leur communication. C’est une fierté partagée.

 

"J'ai mis beaucoup d’énergie sur la partie formation"

Le centre de formation est donc au cœur du processus …

Dès ma prise de présidence, j’ai mis beaucoup d’énergie sur la partie formation. On a quasiment doublé le budget. C’est vrai qu’on s’est doté d’un bel outil avec le centre de l’Armoricaine. Il a fallu y mettre également de la compétence humaine. Nous avons encore de la marge de progression. Par exemple, il manque des terrains pour la formation et notamment pour l’équipe réserve qui, et c’est un des critères, en a besoin pour monter en National 2. Mais globalement, l’important c’est surtout de garder les jeunes joueurs au plus proche de leur famille et de leurs amis. Bien encadrés et confortés dans leur région, ils auront toute leur énergie pour bien progresser. C’est prouvé que l’environnement familial est très important.


Comment vous sentez-vous dans ce costume de Président ?
Dans ma famille, que ce soit mon père ou mes 2 frères, la passion du football existe depuis toujours. Ma prise de fonction de président, d’abord au club de Bourg-Blanc, ou maintenant au Stade Brestois 29, s’est faite naturellement. C’est surtout une aventure humaine, et c’est ça qui est intéressant. Par contre, un club de football professionnel se gère aussi comme une société, avec 118 bulletins de salaire à éditer chaque mois. L’aventure m’est fort sympathique. Mais c’est du très sérieux et je me dois de la gérer comme une entreprise normale. Que ce soit dans le sport ou dans l’économie, les chiffres sont les mêmes. Il ne faut pas se tromper.


Vous vous exposez peu dans les médias, y’a-t-il une raison particulière à ça ?
Je n’appartiens pas à ceux qui parlent beaucoup, c’est propre au caractère de chacun. Même si c’est aussi parfois stratégique. J’aime autant parler quand j’ai quelque chose à dire. Je ne suis de toute façon pas d’un naturel à m’exposer partout. Mais vous pouvez me croiser régulièrement au stade les soirs de match. Dans ma façon de manager, je suis très souvent en contact téléphonique avec Pascal Robert (directeur général) et Grégory Lorenzi. On va d’ailleurs assez vite dans nos échanges. Même si j’apparais peu, les gens, à l’intérieur du club, savent que je suis au courant et que je contrôle toutes les décisions. C’est un mode de fonctionnement, je ne dis pas que c’est le meilleur mais c’est le mien.

 

"Vivre un moment de partage avec le plus grand nombre"

Le club a reçu dernièrement le feu vert de la DNCG, signe que les comptes sont bons …

Oui et c’est une satisfaction car tout le monde a œuvré pour que les comptes s’améliorent. Il y a eu une réelle implication du personnel pour agir dans le même sens. La récompense, c’est d’avoir aujourd’hui un bilan comptable sain. Ça va rassurer les banquiers. C’est essentiel même si on ne fait pas un gros résultat. Le club a terminé l’exercice 2017-2018 sur un budget de 16,7 M€, ce qui nous place dans la première moitié des clubs de Domino’s Ligue 2.


Quelles relations entretenez-vous avec les décideurs locaux ?

L’idée est de faire partager cette aventure du Stade Brestois 29 avec le maximum de partenaires, supporters et sympathisants. Avec mon frère Gérard, nous avons la volonté d’être proches des partenaires pour vivre avec eux des moments d’émotion et de convivialité. Ce réseau de proximité fait que, naturellement, les entrepreneurs font des affaires ensemble. Leur objectif n’est pas uniquement de faire du business, mais aussi de passer un bon moment.
J’entretiens également de très bonnes relations avec François Cuillandre, maire de Brest et président de Brest Métropole, ainsi qu’avec Fabrice Jacob, maire de Guipavas, qui abrite notre centre d’entraînement sur sa commune. Ce sont des relations amicales et sportives. Passionnés du ballon rond, ils ont envie de rassembler le plus grand nombre, collègues, amis et familles pour supporter le Stade Brestois.

Justement, le club s’est vu décerner le trophée du « Championnat des tribunes » …
Tout à fait. Mais c’est Gérard qui s’occupe plus de la partie billetterie / événementiel. Le rôle qu’il s’est défini est de s’assurer de remplir le stade à chaque rencontre. C’est une mission compliquée mais un objectif fort et sympathique. Faire vivre un moment de partage avec le plus grand nombre. Le football est une fête que l’on doit vivre en famille. La cellule événementiel du club met tout en œuvre pour animer les rencontres (animations enfants, spectacles, danseurs, drapeaux …). On doit surprendre le public. Et si, comme dit le coach, la locomotive du club reste le rectangle vert, tout ce qui se passe autour est également important. Ça permet de mettre du baume au cœur quand les résultats ne sont pas de la partie.

 

"Tout le monde pourra être fier"


Concernant vos relations avec les kops, où en est-on ?

Les relations ne sont pas compliquées avec les kops. Dès ma prise de fonction à la tête du Stade Brestois, j’ai rencontré les responsables des clubs de supporters. On se voit 5 à 6 fois dans la saison. Moi aussi je suis supporter, je vis les matches à fond comme eux. Je me retrouve dans l’émotion qu’ils vivent et partagent. J’ai un grand respect pour eux et je reste à leur écoute. On a d’ailleurs fait installer 2 perchoirs pour qu’ils puissent animer la tribune Quimper en toute sécurité.
Concernant l’interdiction des fumigènes qui a créé quelques tensions, il y a une réponse logique qui est l’application du règlement. Ce n’est pas moi qui fait les lois d’autant qu’il y a un risque pour la santé. Un vrai risque, un accident arrive vite. Perdre une main, un doigt ou rester défiguré, c’est une responsabilité que je ne veux pas prendre. Ce qui se passe à l’intérieur du stade est de mon ressort, c’est pourquoi je n’accepterai aucune tolérance sur les fumigènes. On a validé une procédure avec les responsables des kops. De plus, Noël Le Graët, président de la FFF, l’a évoqué dernièrement, les sanctions vont être accentuées avec même une éventuelle perte de points. De toute façon, c’est interdit partout, je ne changerai pas de position par rapport à ça.


Sur le projet de nouveau stade, on a des informations supplémentaires ?
Nous sommes toujours au stade de faisabilité d’une enceinte de 13 600 places à un endroit bien identifié au PLU par Brest Métropole. C’est un endroit stratégiquement très intéressant : à la croisée des chemins entre le siège et le centre d’entraînement des pros, avec le terminus du tram et les 2 axes en direction du Nord et du Sud. Souhaitons maintenant que le dossier puisse voir le jour. On y travaille. Il y a encore beaucoup d’interrogations et de réflexions… Mais si ça aboutit, ça va être un beau projet à la pointe Bretagne dont tout le monde pourra être fier.

22 juin 2018